Discours de Roch-Olivier Maistre en ouverture de la conférence de présentation du rapport « Représentation des femmes à la télévision et à la radio »
Seul le prononcé fait foi
Mesdames les députées,
Mesdames et messieurs les présidents des groupes audiovisuels,
Madame la directrice, chère Agnès Chauveau, qui représente aujourd’hui le président de l’INA,
Mesdames et messieurs les représentants des associations et organismes partenaires engagés sur l’égalité femmes-hommes,
Chères toutes et tous,
Au lendemain d’un vote historique au Congrès pour inscrire dans la constitution la liberté des femmes à recourir à l’interruption volontaire de grossesse, je suis très heureux de vous accueillir cet après-midi à l’Arcom pour vous présenter la nouvelle édition de notre rapport consacré à la représentation des femmes à la télévision et à la radio. Je vous remercie de votre présence nombreuse, qui témoigne de l’engagement de tout un secteur pour faire progresser la place, l’image et la parole des femmes à l’antenne, un engagement indispensable du fait de l’importance que jouent les médias audiovisuels dans le quotidien et l’imaginaire des Françaises et des Français.
Vous le savez, depuis le début de mon mandat à la tête de cette institution, j’ai fait de ce sujet une priorité pour le régulateur : nous avons avancé, à l’aide de chartes, comme celle pour lutter contre le sexisme dans la publicité conclue en 2018, d’engagements conventionnels avec les éditeurs, d’évènements dédiés, en particulier pour promouvoir la place du sport féminin sur les antennes, mais aussi de chiffres et constatés étayés : c’est l’objet de ce rapport.
Vous le savez aussi, cette année est la dernière occasion pour moi de présenter en tant que président de l’Arcom les résultats de notre étude annuelle, réalisée en collaboration avec l’INA dont je tiens à remercier chaleureusement le président Laurent Vallet qui n’a pas pu être présent parmi nous et les équipes, en particulier Agnès Chauveau et le chercheur David Doukhan qui prendra la parole dans quelques instants.
Laurence Pécaut-Rivolier, membre de l’Arcom et présidente du groupe de travail « protection des publics et diversité de la société française », nous présentera dans quelques instants les conclusions du rapport. Je souhaite la remercier pour son engagement à porter avec détermination les nombreux dossiers de son exigeant en portefeuille, reprenant ainsi le flambeau de personnalités fortes qui ont porté ces sujets par le passé au sein de notre collège – lequel est par ailleurs paritaire. J’étends mes remerciements à tous les services de l’Autorité, en particulier les équipes de la direction des publics, du pluralisme et de la cohésion sociale, qui ont été très mobilisées sur la rédaction du rapport en lien avec les éditeurs.
Merci aussi aux médias audiovisuels pour leur coopération à fournir les données quantitatives et qualitatives nécessaires à l’élaboration de ce rapport : nous savons que les délais sont contraints et le travail exigeant, et je me félicite de la présence de vos présidentes et présidents cet après-midi à nos côtés pour porter au plus haut niveau la mobilisation de vos groupes respectifs. Croyez-bien que j’y suis sensible, tout comme je suis sensible à la présence de la représentation nationale – surtout au féminin… – qui a toujours été en soutien et en initiative sur ce domaine prioritaire.
Le rapport publié ce jour est préparé chaque année depuis 2016. A l’occasion des 10 ans de la loi du 4 août 2014 sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui a confié de nouvelles compétences au régulateur en matière de juste représentation des femmes et des hommes sur les antennes et de lutte contre les stéréotypes sexistes et les violences faites aux femmes, nous avons souhaité réaliser un travail rétrospectif pour mettre en exergue les évolutions constatées entre 2016 et 2023.
Des progrès significatifs ont été réalisés sur cette période et nous pouvons collectivement nous en féliciter. La part des femmes en plateau est ainsi passée de 38% en 2016 à 43% en 2023 et le taux d’expertes en plateau de 31,3% à 43%. Au-delà des chiffres, le visage de la télévision et de la radio a aussi changé ces dernières années : les entreprises de l’audiovisuel public sont majoritairement présidées par des femmes, les instances de gouvernance ont été féminisées, les programmes et les publicités ont évolué, à l’image de notre société.
Nous savons qu’il nous reste du chemin à parcourir pour atteindre enfin la parité, dans les instances de direction, sur les plateaux, dans les différentes catégories d’invitées. Je me réjouis de la présence parmi nous des responsables des entreprises dont je connais la mobilisation, car nous ne pouvons pas relâcher notre vigilance collective. Le régulateur en tout cas ne relâchera pas la sienne et les engagements sur la place et l’image des femmes à l’antenne occupent une importante particulière dans les attentes du régulateur à l’occasion de la remise en concurrence de 15 fréquences de la TNT nationale. Le secteur que nous incarnons tous a souvent été en pointe sur ces sujets, il doit le rester.
Nous savons tous en observant le monde autour de nous que la place et les droits des femmes connaissent chaque jour de nouvelles menaces, y compris sur notre vieux continent. Des acquis sont remis en cause ; des propos qu’on espérait ne plus jamais entendre sont de retour : en un mot, les progrès sont loin d’être linéaires et les combats qu’on croyait gagnés doivent être inlassablement poursuivis. A notre niveau et à notre place, nous avons notre rôle à jouer.
Il ne s’agit pas seulement d’accorder plus de place, plus de temps de parole aux femmes, mais aussi de changer les mentalités, d’offrir de nouveaux modèles, de combattre les préjugés, et surtout de ressembler enfin à notre société en répondant à une évidence : les femmes constituent plus de la moitié de notre population, il faut que cette réalité se reflète à l’écran ou à l’antenne. La parité n’est donc pas un objectif, c’est un devoir. Il s’agit pour nous tous d’être à la hauteur de cet enjeu, et je sais que nous en sommes plus près que jamais.
L’année qui s’ouvre sera marquée par des échéances majeures comme les élections européennes, les jeux olympiques et paralympiques : elles doivent nous permettre de franchir durablement un palier, pour qu’il y ait un avant et un après 2024.
Merci pour votre écoute et votre mobilisation. Je cède sans plus tarder la parole à Agnès Chauveau.