Discours d'ouverture de Roch-Olivier Maistre lors de la conférence de présentation de l’étude sur l’impact environnemental des usages audiovisuels en France

Publié le 07 octobre 2024

  • Intervention publique

Seul le prononcé fait foi,

Madame la présidente de l’Arcep [Laure de La Raudière],

Monsieur le directeur général délégué de l’ADEME [Baptiste Périssin-Fabert],

Mesdames et messieurs,

Je suis très heureux de vous accueillir cet après-midi à l’Arcom, où vous aurez le loisir de profiter une dernière fois de notre vue avant notre déménagement en fin d’année, à l’occasion de la publication de l’étude sur l’impact environnemental des usages audiovisuels en France. Je rappelle que cette étude a été réalisée en application de l’article 15 de la loi dite « climat et résilience », qui confie à l’Arcom et l’Arcep, en collaboration avec l’ADEME, la mission de réaliser tous les deux ans un rapport mesurant l’impact environnemental des différents modes de diffusion des services audiovisuels.

Elle est donc le fruit d’un travail commun, qui a permis une collecte de données inédite et la mise à disposition d’une toute première analyse de l’impact environnemental de l’audiovisuel. Cette première étape est indispensable pour agir de manière pertinente face aux défis posés par ce thème, en particulier au regard de la transformation des usages : aujourd’hui, chaque foyer français compte en moyenne 6 écrans et près de 90% des foyers équipés d’une télévision ont un poste connecté.

Notre étude commune a été confiée au cabinet I Care, qui va vous en présenter les conclusions dans quelques minutes, et je tiens à les remercier au nom de l’Arcom et en mon nom personnel pour ce travail rigoureux et exigeant mené dans la durée en suivant une méthodologie particulièrement robuste.

J’étends bien sûr mes remerciements aux équipes de l’Autorité impliquées dans cet ambitieux projet, en particulier la direction des études, de l’économie et de la prospective. Depuis quelques années, l’engagement de l’Arcom en faveur de la transition écologique s’est accentué, avec différents outils pour inciter les médias et les plateformes à mieux prendre en compte cette dimension, la réalisation d’études et de référentiels, mais aussi, depuis début 2023, la création d’un groupe de travail dédié au sein de notre collège pour nourrir une approche transversale et animer les réflexions : il est confié à Bénédicte Lesage, avec l’appui de Benoît Loutrel, et je les remercie tous deux.

L’étude rendue publique ce jour complète nos précédentes actions communes avec l’Arcep et l’ADEME, auxquelles j’accorde la plus grande importance. Je pense en particulier au référentiel sur l’écoconception des services numériques rendu public en mai dernier, ou encore à la recommandation sur l’impact environnemental des contenus audiovisuels, publiée en septembre 2023. Elle constitue à la fois un outil de travail à destination des pouvoirs publics et des acteurs sectoriels et un outil de communication à destination du grand public pour le sensibiliser.

Sans dévoiler les conclusions de l’étude, son analyse établit que l’impact carbone des usages audiovisuels est faible à l’échelle de l’empreinte carbone totale de la France : 0,9%.

Toutefois, sa dynamique de progression doit nous interpeller parce que, si la tendance actuelle se poursuit, les émissions de gaz à effet de serre des usages audiovisuels pourraient augmenter d’environ 30% d’ici 2030. On le sait, ce sont les terminaux qui représentent la majeure partie de l’impact environnemental des usages audiovisuels (entre 72% et 90%), en particulier lors de leur fabrication, suivi par les réseaux (entre 9% et 26%) et les centres de données (entre 1% et 3%).

Nous devons donc identifier des leviers pertinents pour contenir la progression de cet impact et s’engager dans une démarche de sobriété. Mais sobriété ne veut pas dire passivité, ni renoncement, au contraire : c’est une démarche active et collaborative pour faire émerger les meilleures pratiques. Des leviers d’action existent à la fois du côté des fournisseurs et des utilisateurs, comme vous le verrez dans notre étude.

Il ne s’agit pas pour nos autorités, et encore moins pour l’Arcom, de compromettre les ambitions d’intérêt général que portent les usages audiovisuels, que ce soit en matière d’accès à l’information, de soutien à la création ou encore de lien social. Mais on peut s’informer sur des équipements dont les fournisseurs ont privilégié l’écoconception, et dont la durée de vie a été allongée ; on peut soutenir la création audiovisuelle et cinématographique française en visionnant des œuvres en wifi plutôt qu’en 4G.

C’est bien le sens de la mission que le législateur a confié à l’Arcom : veiller « à ce que le développement du secteur de la communication audiovisuelle s'accompagne d'un niveau élevé de protection de l’environnement ». Il ne s’agit donc pas de contraindre le développement des acteurs, mais d’y intégrer les nouvelles ambitions nées de la nécessité d’agir en faveur de notre environnement.

L’étude de ce jour incarne le temps de l’analyse et de l’information : nous devons, sur cette base et de façon concertée, entrer dans le temps de l’action.

Merci beaucoup pour votre attention. Je cède sans plus tarder la parole à la présidente de l’Arcep.